Daniluk, Vera (2000).

Gérer une entreprise publique : une projection de ses valeurs éthiques et spirituelles, dans T.C. Pauchant et Collaborateurs, Pour un management éthique et spirituel. Défis, cas, outils et questions, Montréal, Éditions Fides, Presses HEC, p. 163-171.

Dans ce chapitre, Madame Danyluk, réélue pour la seconde fois à la Présidence du Comité exécutif de la Communauté urbaine de Montréal - réunissant plus de 1.8 millions de citoyens et de citoyennes - offre un
témoignage personnel sur la contribution de sa vie spirituelle pour l'exercice de son leadership publique.

Elle ne cache pas son appréhension à dévoiler sa démarche intime et considère que ce partage est encore plus difficile que l'exercice de la vie politique. Prenant également un perspective systémique (voir le chapitre précédent), Madame Danyluk décrit ses relations avec les élus, ses employés et les citoyens. Bien qu'elle se refuse d'imposer à d'autres des vues ou des pratiques religieuses, elle insiste qu'elle puise de sa vie spirituelle de nombreuses capacités essentielles pour l'exercice de son leadership : l'énergie, le détachement et la sérénité afin de pouvoir surmonter des situations difficiles; l'emphase sur l'intégrité à long terme et moins sur des éclats immédiats; l'implantation d'un éthique rigoureuse pour une saine gestion du "bien publique";
l'avènement d'une cohérence entre la parole et l'action; l'enthousiasme de servir ses concitoyens et la conscience de la noblesse de cette tâche; la possibilité de dépasser la médiocrité inhérente à tout système démocratique; ou la force intérieure de dévoiler publiquement les insuccès de son administration.

Affirmant que pour elle la rencontre du divin s'effectue fondamentalement à travers les personnes, Madame Danyluk insiste de plus qu'elle puise de sa vie spirituelle son refus de la haine, de la rancune et du dépit ainsi que sa capacité de pardonner. Ce faisant, elle répond aux deux conditions qu'Anna Arendt avait proposé face à la complexité et à l'irréversibilité des affaires humaines : le pouvoir de promettre, la promesse enchaînant ce qui est incertain dans le futur par des contrats ou des lois; et le pouvoir de pardonner qui délie ce qui était lié dans le passé . Si Anna Arendt doutait que le pardon puisse exister en politique, le leadership de Vera Danyluk démontre le contraire.

 

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